En
1995, sortait la dernière production du label ViSA. Presque 20 ans !
Autant dire que le
monde de la musique a bien changé entre temps. Le vinyle était déjà
quasi moribond remplacé dans les bacs par le CD qui lui même fût évincé par le
numérique. Le traitement du son aussi a évolué - enfin si on peut dire
- vers cet infâme système de compression numérique, le MP3, qui permet
de loger des milliers de morceaux, donc des centaines d'heures, dans un boitier
plus petit qu'un briquet (du temps de la cigarette). Peut importe la
piètre qualité du son ça permet de transformer son téléphone en juke-box
nasillard. Exit le walkman, exit le lecteur de CD portable, c'est maintenant ce
petit machin de rien du tout fruit d'une technologie poussée qui n'a
que faire de l'Art, qu'il fait bon balader. Tout le monde rafolle du MP3, les gosses, les
joggers, les cadres en déplacement, les coursiers, les métro-maniaques,
qui peuvent télécharger à qui mieux mieux et ainsi s'approprier des
heures de sons dégénérés à moindre frais. Si pour certains des raisons
économiques peuvent justifier ce choix, c'est plutôt le coté pratique
qui prévaut. Le drame dans l'histoire c'est que sont des millions
d'oreilles qui sont ainsi formatées à entendre du son tout pourri.
Quand Sophocle disait "Tout est bruit pour qui a peur", on peut
substituer aujourd'hui "Tout bruit est musique pour qui ne fait
qu'entendre". D'ailleurs a t-ont déjà vu un médium prendre le nom d'un
média, ou inversement, car on dit aussi bien MP3 pour le son que pour le l'appareil qui
lit le son. Confondant n'est ce pas Monsieur Mac Luhan ?
Parce qu'il y a encore des
artisans musiciens qui prennent soin de réfléchir à la qualité du son,
au plaisir qu'ils procureront à l'écoute de leur musique, il n'y a pas
lieu de s'étonner du retour du vinyle et de la tentative de résistance
du CD.
Donc 20 ans ont passé, mais on
se dit qu'après avoir dénoncé les pratiques infernales des majors dans
les années 90 avec le mouvement "Out of majors", après avoir avoir
disparu parce nous savions la bataille perdue face à des
industries qui ne raisonnent qu'en terme de profits, on
referait bien encore un petit quelque chose, juste comme ça, pour le
plaisir. Toujours "pessimistes mais combatifs" pour reprendre la
jolie formule de Lydie Barbarian et du brigadiste Vlad, sereins aussi
car nous n'avons pas de velléités à prouver quoique ce soit, si ce n'est
que demeure une création
indépendante, riche de sens, émancipée et
ludique.
Cela valait bien un changement
de logo, alors après sondage, nous avons retenu ce petit poisson qui ne
trouve sa puissance qu'en collectivité et qui peut lui même, dans certains
cas, être victime de cette même collectivité.
Thierry de LAVAU - 1 avril 2014